domingo, 31 de marzo de 2013

Culture et Intelligence selon Christian Bobin



Culture et Intelligence selon Christian Bobin
Extrait de L’épuisement Ed. Le temps qu’il fait (p. 67 – 69)

« La culture et l’intelligence sont de deux ordres différents. On peut avoir l’une et être dépourvu de l’autre. On peut être cultivé et d’une bêtise épouvantable. L’intelligence cela vient de l’âme et c’est donné à tout le monde par le seul fait de naître, même si tout le monde n’en use pas, n’ose pas user de sa capacité personnelle à la solitude, de l’intensité de solitude de son âme propre. L’intelligence ce n’est rien d’autre : une manière personnelle de se tenir devant soi et devant le monde, une manière propre à la personne de se laisser altérer par ce qui vient et de chercher son bien à elle, rien qu’à elle, dans ce qui la traverse et parfois la tue. Lire par exemple c’est une des manifestations les plus simples de l’intelligence, cela n’a rien à voir, absolument rien à voir avec la culture. Lire c’est faire l’épreuve de soi dans la parole d’un autre, faire venir de l’encre par voie de sang jusqu’au fond de l’âme et que cette âme en soit imprégnée, manger ce qu’on lit, le transformer en soi, et se transformer en lui. Toute lecture qui ne bouleverse pas la vie n’est rien, n’a pas eu lieu, n’est pas même du temps perdu, est moins que rien. 

Toute vie qui n’est pas bouleversée par la vie et qui ne va pas, seule, sans le réconfort d’aucune leçon, trouver son bien dans ce bouleversement, est morte. Ce qui est le bien d’une personne c’est à la personne seule d’en décider, en ne s’appuyant que sur la lumière suffisante de sa propre solitude, au plus loin des convenances de pensée ou de morale. L’intelligence cela ne s’apprend pas – cela s’exerce. La culture, oui, cela s’apprend – ça sort peu à peu de l’entassement de longues études, ça s’ajoute à soi-même avec le temps et c’est aux mains de quelques-uns. Si on ne vit plus que dans la culture on devient très vite analphabète : il y a un temps où, dans les milieux culturels, les œuvres ne sont plus méditées, aimées, mangées, un temps où on ne mange plus que le nom des auteurs, leur nom seul, pour s’en glorifier ou pour le salir. La culture quand elle est à ce point privée d’intelligence est une maladie de l’accumulation, une chose inconsommable que l’on ne sait plus que consommer. »


Traduccion por: Daniel Wainziger
Psicoanalista 

CULTURA E INTELIGENCIA - Christian Bobin.

“La cultura y la inteligencia son de dos órdenes diferentes. Se puede tener una y estar desprovisto de la otra. Se puede ser culto y un terrible estúpido. La inteligencia viene del alma y nos es dada por el hecho de nacer, aunque no todos la utilizan, no osan usar su capacidad personal en la soledad, en la intensa soledad de su propio alma. La inteligencia no es nada del otro mundo: es una manera personal de tenerse ante sí y ante el mundo, una manera consustancial a la persona de dejarse alterar por lo que viene y de buscar su bien en ella, en lo que la atraviesa (como persona) y a veces la mata.

Leer por ejemplo, es una de los más simples manifestaciones de la inteligencia, no tiene nada que ver, absolutamente nada que ver, con la cultura. Leer es probarse a sí mismo en las palabras de un otro, llevar la tinta a través de la sangre hasta el fondo del alma y que ese alma quede impregnada, devorada en lo que lee, hasta transformarse ello , convertirse en  ello. (...) Cualquier lectura que no interfiera en la vida no es nada, no se ha producido, ni siquiera es una pérdida de tiempo, es menos que nada. 

Toda vida que no es trastornada por “la vida” y que va inerte, sin reconfortarse en alguna lección, sin encontrar su bien en esa conmoción, no es vida. El bien para una persona es decidir por sí misma basándose solamente en la luz suficiente de su propia soledad, lejos de las conveniencias del pensamiento o de la moral. Esa inteligencia no se aprende, se ejerce.

La cultura si se aprende - sale de la acumulación de largos estudios, eso se añade a sí mismo con el tiempo y está al alcance de algunos. Si sólo se vive en la cultura uno se convierte muy rápidamente en analfabeto: hace tiempo que en los medios culturales las obras ya no se meditan, no se aman, no se las devora, un tiempo en que no se “come” más que el nombre de los autores, solo su nombre, para glorificarse o ensuciarlo. La cultura cuando está en este punto, privada de inteligencia, es una enfermedad de acumulación, sólo un objeto de consumo.»




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